De la fausse romance en ligne au véritable chantage sexuel : 260 escrocs arrêtés

INTERPOL a annoncé l'arrestation de 260 personnes soupçonnées d'escroquerie sentimentale, de sextorsion et de fraude en ligne dans le cadre d'une opération multinationale menée à travers l'Afrique.

Les autorités affirment avoir identifié plus de 1 400 victimes d'escroquerie, estimant le montant total des pertes à près de 2,5 millions d'euros.

Dans le cadre de cette opération, les forces de l'ordre ont saisi 1 235 appareils électroniques, notamment des clés USB, des cartes SIM et des faux documents d'identité. En outre, les autorités affirment avoir démantelé 81 infrastructures cybercriminelles à travers l'Afrique, prenant le contrôle des sites web et des serveurs utilisés pour attirer les victimes et blanchir les paiements.

Les arrestations ont eu lieu dans le cadre de l'opération « Contender 3.0 » et ont concerné 14 pays africains : l'Angola, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, l'Ouganda et la Zambie.

Comme nous l'avons décrit plus tôt cette année, la criminalité numérique est en forte augmentation en Afrique. Une récente enquête d'INTERPOL a révélé que deux tiers des pays ont déclaré que la cybercriminalité représentait une proportion moyenne à élevée du total des crimes signalés, certains pays affirmant qu'elle dépassait 30 % de l'ensemble des crimes.

Le mois dernier, nous avons rapporté comment des fraudeurs ghanéens ont été extradés vers les États-Unis après avoir été accusés d'avoir escroqué plus de 100 millions de dollars américains dans le cadre d'un stratagème qui les aurait amenés à se faire passer pour des partenaires amoureux afin de piéger leurs victimes et les inciter à transférer de l'argent.

Par ailleurs, les attaques de sextorsion, dans lesquelles des criminels utilisent des images sexuelles volées ou générées par l'IA dans le cadre d'un stratagème visant à enregistrer secrètement des vidéos intimes lors de conversations explicites, constituent un problème particulièrement important, 60 % des pays africains ayant signalé une augmentation de ce type de chantage.

Pour les personnes ciblées par de telles attaques, le préjudice émotionnel peut être dévastateur. Non seulement les victimes perdent parfois des sommes d'argent importantes, mais elles subissent également l'humiliation de savoir qu'elles ont été dupées par un fraudeur.

Les escroqueries sentimentales et la sextorsion sont attrayantes pour les criminels en Afrique, en partie parce qu'elles présentent un faible seuil d'accès (tout ce dont ils ont besoin est un ordinateur portable ou un smartphone, sans connaissances techniques particulières) et offrent un potentiel de gain élevé. Même si les victimes ne se font extorquer que de petites sommes d'argent, celles-ci peuvent rapidement s'accumuler.

De plus, de nombreuses victimes peuvent se sentir trop gênées pour signaler ce qui leur est arrivé aux autorités, ce qui augmente les chances que les auteurs de ces crimes recommencent.

L'arrestation de 260 suspects à travers l'Afrique prouve que les escroqueries sentimentales et le chantage sexuel ne sont pas des crimes anodins, mais qu'ils font partie d'une industrie mondiale en pleine expansion.

Des opérations telles que Contender 3.0 d'INTERPOL sont essentielles pour démanteler les réseaux criminels, mais la meilleure défense reste la sensibilisation et l'éducation. Plus nous parlons d'escroqueries sentimentales, moins nous stigmatisons les victimes, mieux c'est.