
Novembre est le mois de la lutte contre le cyberharcèlement en France, une excellente occasion de sensibiliser le public à toutes les formes d'intimidation en ligne et aux profondes séquelles émotionnelles qu'elle peut laisser.
Avec l'arrivée de la saison froide, les enfants comme les adultes passent davantage de temps à l'intérieur et sur Internet. C'est donc le moment idéal pour entamer une conversation sur l'impact des interactions en ligne sur la santé mentale.
Les plateformes numériques sont formidables pour mettre en relation des amis et des communautés, mais elles constituent également un terrain fertile pour le cyberharcèlement, une forme de harcèlement qui poursuit les victimes au-delà de l'école, du travail ou des cercles sociaux.
Afin de mieux comprendre les conséquences psychologiques du cyberharcèlement et le long chemin vers la guérison, nous en avons discuté avec le Dr Mickaël Worms-Ehrminger, conférencier, chercheur et expert en santé publique spécialisé dans la santé mentale et les sciences du comportement. Il explique pourquoi le cyberharcèlement est si douloureux, ce que les victimes et les témoins peuvent faire, et pourquoi la « résilience » ne devrait pas signifier affronter seul un traumatisme.
Comment définiriez-vous le cyberharcèlement d'un point de vue psychologique ?
Le cyberharcèlement est une forme de violence répétée qui envahit la vie privée d'une personne et qui ne s'arrête jamais vraiment.
Il provoque du stress, de l'anxiété et une perte d'estime de soi. Il peut être aussi préjudiciable, voire plus, que le harcèlement traditionnel, car il suit les victimes partout : chez elles, sur leur téléphone, dans leur esprit.
Le harcèlement en ligne brouille les frontières entre vie privée et vie publique. Les victimes peuvent se sentir acculées, incapables d'échapper à la négativité qui resurgit à chaque notification.
Avez-vous observé une augmentation des cas de cyberharcèlement ? Pourquoi ?
Oui, le cyberharcèlement est clairement en hausse en France.
Près d'un enfant sur quatre et plus de la moitié des jeunes adultes déclarent en avoir déjà été victimes.
Il attribue cette augmentation au temps passé en ligne, à l'expansion des réseaux sociaux et à la facilité d'anonymat offerte par les plateformes numériques.
Les mots et les images se propagent instantanément et peuvent rester visibles pendant très longtemps, parfois pour toujours.
Le cyberharcèlement ne s'arrête pas lorsque vous fermez votre ordinateur portable. Il franchit le seuil de votre porte et vous suit sur votre téléphone.
Cette exposition permanente, combinée à une faible sensibilisation aux risques numériques, explique en partie pourquoi ce phénomène est devenu si répandu.
Que doivent faire les victimes et les témoins lorsqu'ils sont confrontés à la cyberintimidation ?
Avant tout, les victimes ne doivent pas rester silencieuses.
Son conseil est clair :
Les victimes peuvent également porter plainte ou envoyer un rapport au procureur. Même si l'affaire est classée sans suite, elles peuvent toujours intenter une action en justice en tant que partie civile.
Dans certains cas, les assurances, les associations locales ou l'aide juridictionnelle peuvent prendre en charge les frais.
Pour les témoins, la première règle est simple : ne pas amplifier le préjudice.
Ne partagez pas le contenu, ne commentez pas, contentez-vous de soutenir la victime et de signaler les faits. Chacun peut faire la différence en contribuant à briser l'isolement qui permet au harcèlement de se poursuivre.
Les autorités en font-elles suffisamment pour lutter contre le cyberharcèlement ?
Les choses s'améliorent, mais les progrès restent inégaux.
De nouveaux systèmes tels que la ligne d'assistance 3018 et le groupe de travail numérique de la gendarmerie ont aidé, mais de nombreuses victimes sont encore confrontées à des intervenants non formés, à des procédures longues et à un manque de reconnaissance de l'impact psychologique.
Les ressources augmentent, mais la réponse est encore trop lente pour le monde en ligne, qui évolue rapidement.
Le mot « résilience » est souvent utilisé lorsqu'on parle de rétablissement. Que signifie-t-il réellement dans ce contexte ?
Nous ne devons pas attendre des victimes qu'elles soient résilientes à tout prix.
Après une cyberintimidation, ce n'est pas à la victime de devenir plus forte, c'est à la société de mieux la protéger.
Il estime que le terme « cyber-résilience » n'a de sens que s'il est compris comme la reconstruction avec de l'aide, le rétablissement de la confiance et la reprise d'une utilisation sûre de la technologie, et non pas comme un ordre de « s'en remettre » tout seul.
Le terme « résilience » a été galvaudé et vidé de son sens. Il décrit le rétablissement après un choc, mais ignore l'impact durable. Je préfère le terme rémanence, qui reconnaît le poids qui reste en vous, le traumatisme qui persiste.
Son message final aux victimes est simple et puissant :
Parlez-en. Obtenez du soutien. Refusez de vous sentir coupable. La guérison n'est pas une mission individuelle, c'est une responsabilité partagée.
Si vous êtes victime :
Si vous êtes témoin :
Ensemble, ces petites actions peuvent faire une grande différence, en aidant à protéger les autres et à rétablir la confiance dans les espaces en ligne.
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Mickael Worms-Ehrminger est enseignant et chercheur en santé publique et sciences comportementales. Il s'intéresse de près aux problématiques de santé mentale et de handicap. Sur la santé mentale, il produit les podcasts Les Maux Bleus et Tracer la Voix. Il a publié « Vivre avec un trouble de santé mentale » (Marabout, 2023) et publie prochainement « Communiquer en santé mentale » (Presses de l’EHESP, 5 février 2026). Il propose des prestations de conseil et de formation avec son studio de consulting.
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